Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Désargence.over-blog.com

La mondialisation des composants électroniques.

1 Mars 2020, 15:51pm

Publié par AUPETITGENDRE Jean-François

 

                La miniaturisation des systèmes électroniques a commencé dans les années cinquante avec la naissance des semi-conducteurs et a atteint aujourd’hui une phase presque extrême. En 2015, 38% de la production électronique est réalisée en Chine contre 2,6% en 1995  et ce taux augmente chaque année. La Chine va devenir l’unique producteur de composants, avec l’aval de tous les pays riches, au nom de la rentabilité, de la rationalisation du travail, bref, de la mondialisation ! La contrepartie de ce choix, c’est la dépendance des pays consommateurs vis-à-vis des pays producteurs.

                Un blocage de la production chinoise, c’est l’arrêt à très court terme de tous les outils ne fonctionnant pas sans ces composants. Cela va des voitures aux ordinateurs en passant par les transports, l’électroménager, l’audiovisuel, la médecine, la recherche scientifique, les communications… Le moindre appartement de Français moyen est équipé de ces composants pour le chauffage, la climatisation, la cuisine, le ménage, la radio, la télé, l’informatique, les téléphones, la sécurité incendie… Quant à l’industrie, le commerce, les administrations, plus rien ne fonctionnerait sans ces petites cartes magnétiques qui équipent tous les appareils et outils.

                Le capitalisme, toujours en tension vers un profit maximum, a pris l’habitude de travailler à flux tendu, c’est-à-dire avec un stock minimum de pièces de rechange. Tant que la source d’approvisionnement reste stable, le système est viable. Mais à la moindre rupture, les stocks seront épuisés en quelques semaines sans aucune alternative. Nous avons délégué la production électronique à la Chine et en sommes devenus dramatiquement dépendants.

                Aujourd’hui, la Chine est confrontée à une pandémie qui ralentit considérablement son  industrie. On peut raisonnablement se demander si le danger sanitaire du coronavirus est plus ou moins grave que le danger du manque de matériel électronique de base.

                Dans les réflexions sur l’effondrement, nous avons conscience des risques liés au réchauffement climatique, à la fonte des glaces, à la perte de biodiversité, mais rarement du risque électronique qui pourtant mettrait à bas toute l’économie mondiale, bloquerait la plupart des administrations, réduirait considérablement les activités professionnelles et le confort habituel des usagers. Il n’est pas fou de penser qu’un grain de sable dans le domaine électronique soit non seulement un facteur de déclin économique mais aussi une arme géopolitique d’une rare puissance. Si les pays producteurs refusaient brutalement de commercer avec des pays opposés, tout serait très vite bloqué : leur défense autant que leurs communications et que leur industrie. Si le problème devenait mondial, toute notre belle technologie serait de facto obsolète, et le temps de relocaliser la production, si tant est que nous en ayons encore les compétences, un effet domino mettrait vite le système à plat…

                On peut s’étonner que la délocalisation de la quasi intégralité des usines produisant des circuits imprimés n’ait inquiété personne. L’explication tient sans doute dans un calcul purement financier. Un circuit imprimé est fragile et généralement dépourvu de sécurité. A la moindre surtension, le circuit est perdu quand un simple fusible à l‘entrée l’aurait protégé. Mais il est moins rentable de vendre un fusible qu’un circuit imprimé complet. L’obsolescence programmée a joué à plein dans ce domaine. Dans un Smartphone, une carte à changer coûte plus cher que la valeur marchande totale de l’appareil.

                On voit bien à travers ces exemples, que tous ces problèmes n’auraient eu aucune raison d’être dans un système a-monétaire, non marchand. Nous savons fabriquer des composants électroniques bien protégés, produits régionalement et, mis en accès libre, ils éviteraient une masse considérable de productions, donc des déchets d’autant moindre, une agilité meilleure dans la fourniture et la réparation, une indépendance totale par rapport aux autres régions, etc. Mais le monde, voulant sauver à tout prix l’argent, a été rendu assez fou pour s’exposer à de tels risques et se pourrir l’existence. Faudra-t-il qu’un minuscule virus nous rappelle à l’ordre, nous oblige à pointer du doigt le système monétaire arrivé à son point de rupture  ?...          

 

Commenter cet article