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Désargence.over-blog.com

Wesh, wesh, les jeunes...

6 Décembre 2019, 12:10pm

 

                La génération des moins de 25 ans est actuellement en pleine mutation. La génération des Trente glorieuses ne voit en eux qu’une dépolitisation massive, un goût prononcé pour le "binge drinking" (la consommation d'alcool excessive et ponctuelle sur un temps très court, qui n'a d'autre but que l'ivresse) et les sorties en boite, une dépendance pathologique au smartphone. Mais il y a aussi les jeunes engagés, certes dans des structures nouvelles que les anciens connaissent mal.  Ils sont curieux, d’où le succès des sites d’information tels que “Osons Comprendre“ qui parle jeune, pense jeune et s’annonce dans ses vidéos par un “wesh-wesh les copains” (wesh étant un dérivé de l’arabe wesh rak- comment vas-tu).  Les moins de 25 ans sont déjà dans un autre monde, pas tous certes, mais beaucoup. Le numérique, la musique, la fin des lendemains qui chantent les a formaté autrement.    

                J’ai connu un temps où l’on posait souvent aux enfants la question de savoir ce qu’ils voulaient être quand ils seraient grands. On voulait être cosmonaute, chef d’orchestre, aventurier, instituteur ou mécanicien, peu importe car tout était faisable et entendable. Aujourd’hui, la même question est devenue embarrassante. Il n’y a que deux voies royales, l’informatique et le commerce, quelques voies bien médiatisées comme soigneur animalier, mais bouchées à peine ouverte à moins d’avoir des parents dotés d’un volumineux carnet d’adresses.

                La plupart de ceux qui ont choisi les voies royales l’ont fait par réalisme bien plus que par passion. Plus personne ne croit en la pérennité d’une fonction, à la stabilité d’un emploi. Le manque de passion est une maladie de l’âme nous disait Jacques Brel et pour s’en soigner, on voit des ingénieurs devenir maraîchers et des traders se muer en éleveurs de brebis.

                On parle peu pourtant de la souffrance que représente pour nombre d’adolescents l’impossibilité de faire autre chose que de perdre sa vie à la gagner. Bien au contraire, les adultes conseillent aux jeunes de se battre, d’être réalistes, d’être concurrentiels, ce qui revient à donner une injonction paradoxale, à mettre de l’huile sur le feu, surtout quand l’entourage est lui-même en échec professionnel, social, affectif, économique. On peut même s’étonner que les jeunes n’aillent pas plus mal, au point de mettre le feu aux poudres…

                Depuis que la jeunesse descend dans la rue chaque vendredi, les adultes ont beau jeu de critiquer le mouvement et sa figure emblématique, Greta Thunberg. La plupart de ces jeunes ont bien le sentiment de l’impasse politique, économique, environnementale dans laquelle ils s’agitent. La plupart ont conscience que le capitalisme est sans issue et qu’il ne doit ni être adouci, ni aménagé ou moralisé, contrairement aux intoxiqués des Trente Glorieuses. Mais ils ne savent pas quoi mettre à la place, ils n’en ont pas la maturité suffisante et il serait déraisonnable de le leur demander…   

La jeunesse qui pourra résoudre la question monétaire fera plus pour le monde que toutes les armées de l'histoire

Henri Ford

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