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Désargence.over-blog.com

ABÉCÉDAIRE Lettre Ra-Ro

1 Décembre 2019, 15:21pm

R

Racisme : Désigne le fait d’attribuer à la race, l’origine ou la croyance une essence propre et de la charger de maux divers. Cette posture incongrue, courante dans l’Ancien Régime, s’expliquait par la nécessité de détourner les injustices criantes des sociétés dites modernes. Si un pauvre juif exclu, un pauvre blanc exclu, un pauvre noir exclu ou un pauvre musulman exclu souffrait, c'était parce qu'il était juif, blanc, noir ou musulman, pas parce qu’il était exclus. Mais associer ainsi une race, une religion, une origine et une condition sociale détournait le problème… Principe du bouc émissaire qui ne dit rien sur le bouc mais en dit long sur le sacrificateur !

                A la fin de l’Ancien Régine, l’incapacité quasi généralisée à comprendre l’évolution du monde et surtout à se projeter dans l’avenir a suscité un développement exponentiel du racisme ordinaire. L’autre devint de plus en plus l’ennemi : la race mettait en péril notre culture, la religion était nécessairement hégémonique, la couleur de peau toujours suspecte, l’orientation sexuelle dérangeante, la classe sociale prédatrice… Il a fallu que la sécurité matérielle s’installe durablement pour que l’autre ne soit plus potentiellement dangereux.       

 

Rapport de forces : Rapport entre deux forces qui s’affrontent dans une opinion, une entreprise, des personnes, des intérêts, des États. Toute politique n’est jamais que la gestion des rapports de force, la stratégie permettant au plus faible de s’imposer, au plus fort de conserver son avantage.

                Le combat entre les inconditionnels de l’argent outil d’échange et les abolitionnistes de l’échange marchand est longtemps resté terriblement inégal. En effet, l’argent procurait un pouvoir inouï et ceux qui en bénéficiaient auraient perdu dans l’abolition de confortables privilèges. Ceux qui n’en recevaient que les miettes trouvaient eux aussi intérêt à conserver le système, par crainte de perdre le peu qui leur était dévolu ou dans l‘espoir de s’enrichir un jour. Ceux qui critiquaient, parfois violemment, le système monétaire craignaient plus encore un changement global, donc incertain, et s’accrochaient désespérément à des alternatives, à des régulations. Ceux qui profitaient du système pour en tirer des sinécures, des positions sociales honorables, des valorisations qu’individuellement ils n’eussent pas conquis (hommes politiques, cadres supérieurs, artistes, médias…) n’avaient aucun intérêt à tuer la poule aux œufs d’or. Que restait-il donc, sinon une poignée d’idéalistes, quelques Zadistes radicaux, quelques originaux romantiques ?...

                Le premier “contingent” des abolitionnistes est arrivé conjointement avec le développement de l’idée d’effondrement civilisationnel, les uns en pensant que le collapsus rendrait l’abolition inévitable, les autres pensant qu’elle était l’un des rares moyens de limiter les dégâts. Quelques intellectuels qui se situaient au plan strictement théorique ont suivi, à force de remonter de cause en cause, au-delà de ce qu’avaient pu imaginer en leur temps les penseurs de l’économie, de la politique, des sciences sociales. Le troisième contingent, le plus important, est venu des victimes collatérales des crises à répétition qui, étant passé de l’indignation à la contestation, puis à l’action politique, puis à la déception quant à toute possibilité de provoquer une révolution classique, en sont venus à accepter, au titre de postulat sinon par défaut, l’idée d’une abolition.

                Il est toutefois remarquable de voir que jusqu’à la dernière minute, le rapport des forces a paru défavorable à une désargence. D’un côté des militants, certes convaincus et actifs, mais très localisés, de l’autre une oligarchie de plus en plus riche, de plus en plus mondialisée, ayant concentré entre leurs mains les pouvoirs médiatiques, politiques, financiers, répressifs… D’un côté de brillants experts reconnus, voire adulés, de l’autre des amateurs, parfois éclairés, mais non autorisés, non validés par une quelconque instance. D’un côté un système millénaire, de l’autre la proposition d’un système inconnu, innovant au point de réclamer un lourd travail conceptuel….

                Pourtant, ce sont ces premiers initiateurs qui avaient raison contre tous, qui étaient dans le réel et le concret mieux que les authentiques réalistes et pragmatiques. On se plaît à rêver du premier homme qui eut l’idée de dessiner sur une pierre, un bout de bois, une palette d’argile des signes, de leur attribuer des sons ou des objets. Aurait-il pu imaginer à quel point son idée curieuse d’écrire laborieusement ce qu’il était si simple de dire allait changer de la face du monde ? Le rapport des forces ne répond pas toujours à des lois mathématiques, au nombre, à l’évidence, et c’est heureux…

         

Rapport Meadows : Du nom des scientifiques américains Dennis et Donella Meadows, ce rapport conclut dès 1972 à la fin probable de la civilisation industrielle. En 2012, Meadows reprit cette étude, l’actualisa et conclut à une fin probable vers 2030. Ce rapport a sans doute favorisé l’émergence d’une réflexion mondiale sur l’avenir de l’humanité, sur les risques majeurs d’un probable effondrement. On peut saluer la clairvoyance des époux Meadows qui osèrent, quand tout laissait croire à un progrès linéaire et infini, annoncer l’impensable, l’effondrement de toute cette belle architecture qui nous faisait tous rêver.   

 

Réalisme politique : Tout homme politique quelque peu crédible se réclamait du réalisme. Quand il proposait une contrainte budgétaire, c’était toujours assorti d’un appel au réalisme. Quand deux méthodes ou programme s’opposaient, le plus pragmatique avait toujours plus de chance de convaincre. En revanche quand un plan échouait, ce réalisme annoncé n’était pas remis en cause. L’échec était dû au gouvernement précédent, à une conjoncture plus difficile que prévue…

                Ce rappel constant au réel et au réalisme était assorti de l’anathème d’utopique collé à tout ce qui renvoyait le réaliste à ses échecs. Abolir l’argent et le travail était bien entendu l’utopie suprême. Pourtant, dès le début du 21e siècle, ces deux choses avaient bien été réalisées par le capitalisme lui-même, par le chômage de masse et l’argent virtuel. C’était déjà une réalité en acte et non une spéculation sur l’avenir. Ce qu’il restait à faire, déjà à cette époque, c’était d’imaginer une société fondée sur autre chose que l’argent et le travail, sur un autre paradigme. Mais jusqu’à la veille de la dernière grande crise qui fit tout basculer, le réaliste était celui qui luttait contre le chômage et tentait de moraliser l’argent, pas  celui qui construisait une société active mais sans argent…

 

Rareté : La rareté justifiait jadis l’étalonnage de la valeur et donc l’argent, autant que l’argent fabriquait artificiellement la rareté, ne serait-ce qu’à des fins spéculatives. Ce qui était rare, était toujours susceptible d’être convoité par beaucoup de monde. On en a même fait une loi, celle de l’offre et de la demande. Si la demande était plus importante que l’offre, le prix montait, si l’offre dépassait la demande, la valeur de l’objet convoité s’écroulait. Tout commerce se fondait sur cette évidence. 

                De là à faire gonfler artificiellement la demande, à imposer une rareté, à limiter l’offre sans raison, il n’y avait qu’un pas, lequel fut de tout temps allègrement franchi, en toute bonne foi, sans aucune vergogne, et en complète contradiction avec le bien commun qu’un commerçant pouvait par ailleurs invoquer. Le petit commerçant, celui qui était indispensable au bon fonctionnement de la communauté, qui se voulait scrupuleusement honnête, ne pouvait que s’insurger contre de telles suspicions. Pourtant, s’il ne décidait pas de lui-même de fausser l’échange pour un plus grand profit, il ne pouvait échapper à cette loi de l’offre et de la demande et participait de facto au système. Le prix qu’il affichait sur un produit dépendait forcément de tous les trafics effectués en amont de la chaîne de production. Allait-il refusé de vendre un pain ou le vendre à perte sous prétexte que le paysan, le meunier, le charretier, avaient tous avant lui spéculé sur le cours du blé ou sur les modes de transformation ?

                A la fin de l’ère monétaire, avec la financiarisation totalitaire de toute l’économie, le jeu s’est encore compliqué. L’exemple du pétrole et significatif. L’évolution du prix du baril de brut entre 1970 et 2020 ne suit absolument pas celle de la production. On vit le prix du baril s’envoler quand l’offre sur le marché était abondante, s’effondrer dans des périodes de restriction. Or, ces variations étaient dû aux enjeux géopolitiques bien plus qu’aux réserves réelles de pétrole dans le monde, ce qui prouve que la rareté avait cessé d’en induire logiquement la valeur…    

                Cette question de rareté fut un argument favori des défenseurs de la monnaie. Pourquoi  un pays détenteur d’une matière première rare (scandium, yttrium, lanthanides…) s’empêcherait-il de profiter des richesses de son sous-sol pour faire pression sur d’autres, pour en obtenir des privilèges indus ? Pourquoi en cèderait-il gracieusement une partie et se priverait-il de la puissance qu’il pourrait en tirer ? Tout mettre en accès libre semblait impensable.

                L’argument était logique et entendable. Il est vrai que les revenus annoncés en bourses sur ces éléments indispensables à l’informatique étaient de 200 à 800% par an au début du siècle ! Sauf que des pays intégralement autonomes, en énergie, en matières premières, en technologie, en productions alimentaires ou manufacturières, cela n’existe plus depuis longtemps, depuis que l’activité humaine s’est dégagée de la stricte économie de subsistance pour pratiquer l’échange marchand ! Que ce soit dans un cadre monétaire ou a-monétaire, un pays qui capterait pour son seul profit une richesse dont tous les autres seraient dépourvus se mettrait au ban des relations internationales ou se verrait soumis à un blocus le contraignant à se passer de tout ce qui ne pouvait être produit chez lui.  

                Et de fait, dès l’abolition de la monnaie, le problème a dû être tranché rapidement, ne serait-ce que pour éviter des opérations de razzia perpétuelles sur ces ressources rares. Il est vite apparu évident que l’intérêt, le plus égoïste qui se puisse, reste de mettre en accès libre ce dont on dispose en quantité. Comment imaginer en effet qu’un État doté d’une technologie rare, d’un métal indispensable et précieux, d’une énergie abondante et qui garderait tout pour lui, ne se retrouverait pas rapidement attaqué, envahi par tous ceux qui en manqueraient cruellement ?  L’argent avait plongé le monde dans la folie la plus meurtrière, l’abolition de l’argent a rendu l’intelligence aux plus égoïstes !   

 

Récupération : Réutilisation pour un second usage d’un objet, d’une idée, d’une entreprise. Cette vieille pratique s’est développée proportionnellement et parallèlement à l’évolution du capitalisme. La récupération d’objets usagers a pris un immense essor avec l’accroissement de la consommation. Tant de choses étaient jetées que les chiffonniers, brocanteurs et autres récupérateurs en ont fait parfois d’importants profits. Ceux qui récupéraient les métaux, surtout les non-ferreux, sont souvent devenus de véritables entrepreneurs industriels. Le bas de l’échelle (les récupérateurs de papiers, cartons et chiffons…) est resté l’apanage des marginaux, des exclus du système. En 1954, l’abbé Pierre leur a donné des lettres de noblesse en organisant les communautés des “Chiffonniers d’Emmaüs” qui récupéraient tout ce qui était susceptible d’être transformé, recyclé, revendu. Les profits engrangés ont permis la création de logements sociaux, l’aide financière aux plus démunis, jusqu’à devenir une énorme entreprise présente dans plusieurs pays.

                Mais le grand récupérateur du siècle a été le capitalisme lui-même, non au sujet des métaux ou du papier, mais au niveau des idées et des entreprises. Dès qu’une initiative tant soit peu marginale, originale et surtout sociale a été lancé, le capitalisme à toujours  réussi à la phagocyter, à la récupérer pour la faire entrer dans son cadre économique. Quand on compare les statuts des premiers  crédits agricoles de l’époque de la loi Méline en 1894, et ce que cela a donné  un siècle plus tard, on voit bien qu’il n’en est resté qu’un slogan “le bon sens à côté de chez vous “ ! L’idée était trop belle, trop généreuse pour la laisser aux mains d’idéalistes !

                 Il en a été de même avec toutes les coopératives de consommation (Grimaud et Cie en 1792, La Société du Devoir Mutuel en 1828, les magasins Derrion en 1834, la FFNCC de Charles Gide en 1912…) qui toutes ont accouché de nos splendides supermarchés d’avant l’abolition ! L’un des plus grands récupérateurs d’idée du 21° siècle fut sans conteste Emmanuel Macron, président français à partir de 2017. Le 9 juillet 2018 devant le congrès réuni à Versailles, il réussit le tour de force de ressusciter “État providence” et de le recycler en outil de dérégulation néolibérale. Près d’un siècle durant, l’État providence a été l’idée phare de la gauche sociale. Le capitalisme étant créateur d’inégalités, d’injustice, d’exclusion, seul l’État était en mesure de redistribuer les richesses, de soutenir les plus démunis, d’assurer la survie matérielle, culturelle et sanitaire de tous. Or l’État ne pouvait assumer cette tâche providentielle sans l’impôt, ce qui dérangeait les néolibéraux pour qui chacun doit être responsable de sa vie. L’État n’a pas à corriger les différences de revenus, de culture, d’énergie, disaient-ils. 

                Dans un discours de 2018, Emmanuel Macron reprit à son compte l’expression d’État providence (un État aidant le plus faible, corrigeant les effets nuisibles du système) en lui donnant un tout autre sens, celui d’un État dont la fonction serait de donner autant de chances à chacun. Ensuite, le marché fera le tri ! L’État est là pour favoriser l’activité économique qui seule fait la richesse. Ce n’est qu’une fois cette richesse acquise que l’on peut penser à une redistribution. Ceux dont le destin est l’échec devront alors l’assumer en acceptant ce que leur donnera le marché. En somme, l’idée fut de prendre un terme typiquement attaché à la gauche sociale et de lui donner un sens antisocial. La mise en avant de “l’État providence selon Macron”, son entrée dans le langage journalistique puis commun, a marqué la fin de toutes les protections sociales, la fin de toute solidarité organisée !

                La tactique était en somme la même que celle qui  donna naissance à la “démocratie représentative” défendue par la bourgeoisie de 1789 pour que le mot démocratique (“ce que la France ne saurait être” disait le révolutionnaire Seyiès), n’ait plus aucun sens. Un chef d’œuvre de récupération, de recyclage linguistique !                   

 

Redistribution : L’économiste Jean Gadrey, dans la deuxième décennie du 21° siècle, expliquait l’efficacité de prendre aux riches pour donner aux pauvres. Il avait calculé  la possibilité, en France, de prendre 10% des revenus des 10% des plus riches, soit un prélèvement de 423€ par mois en moyenne. Si on transférait le tout sur la tranche des 10% les plus pauvres, ceux-ci verraient leur niveau de vie augmenter de 66% soit un passage de 641€ à 1064€ par équivalent adulte.

                Sa deuxième hypothèse était de transférer le tout au 20% les plus pauvres (2/3 au premier décile et 1/3 au deuxième, soit 44% de plus pour les premiers, et 1% pour les seconds (qui passent de 923 à 1079€/mois). Il est curieux de constater que chaque période du capitalisme a produit son distributisme particulier, chaque parti en a évoqué l’idée, et l’homme du peuple en a toujours rêver depuis Robin des Bois !

                Ceci dit, une telle redistribution sans changer en même temps le régime fiscal, aurait abouti à ce que l’argent pris aux plus riches fasse de facto baisser leur taux d’imposition d’un montant supérieur à ce qui leur aurait été pris ! Il y a des idées séduisantes qui face à la réalité deviennent vite absurdes… Insoluble problème que la désargence a contourné par son concept d’accès.    

 

Réformisme : Posture consistant à améliorer une situation en évitant soigneusement tout changement sur le fond. C’est ce qui a fait dire à Albert Einstein ”C’est pure folie de faire sans arrêt la même chose et d’espérer un résultat différent.” C’est généralement au nom du réalisme que le fond est sacrifié à la forme. Pour beaucoup, la sortie du système monétaire était pure folie. On réclamait une lente progression vers le monde meilleur, sans éclats ni bouleversements, on pensait plus pédagogique la multiplication des étapes que le grand saut dans le vide.

                Rien n’est plus vain que de vouloir entraîner un réformiste sur le chemin de la Révolution. Rien n’est pourtant moins évident que les petits pas prudents  soient plus aisés que le grand saut. Mais la glose et la rhétorique ne font que cristalliser les esprits et figer les postures. C’est sans doute ce qui a manqué aux militants de la désargence face à tous ceux qui hésitaient devant le saut à faire, un pied pourtant près à s’élancer, tel le “pas suspendu de la cigogne”. Il aurait suffi d’une dizaine d’année de préparation mentale, d’expérimentations bien mises en exergues, d’exercices logiques d’analyses des problèmes, pour qu’au moment de la Grande Crise, il paraisse évident que la solution était dans l’abolition et pas dans une énième réforme. Cela aurait évité bien des souffrances au passage d’un régime à l’autre…. 

 

Relocalisation : L’argent induisant la recherche du profit et donc de la concurrence, la concentration de la production était inévitable. Chaque entreprise était contrainte de produire au plus près de la matière première, là où la main d’œuvre était la moins chère, où les charges fiscales étaient les plus légères. La “délocalisation” étant l’unique issue économique, la concurrence éliminant peu à peu les moins rentables, toutes les filières locales avaient disparu. Certains groupes de résistants avaient tenté de reprendre en main des circuits complets de productions comme celle allant de l’élevage du mouton au pullover en passant par le cardage, le filage, la teinture de la laine. Mais le système capitaliste n’était pas fait pour eux et il les soumis à de telles contraintes qu’ils ne pouvaient produire que des objets, certes de qualité, mais réservés à une classe aisée ou particulièrement militante.

                Dès la disparition de la monnaie, la tendance s’est inversée, mais non sans mal car il n’existait plus assez de tondeurs de mouton, de cardeurs, fileurs, teinturiers, tricoteurs… Dans beaucoup de domaines des savoir-faire avait disparu. Des machines et des outils durent être réinventés. Le goût et l’esthétique durent être reconstruits… Le dé-tricotage du monde globalisé s’est avéré plus complexe que ce qu’avaient imaginé les “altermondialistes”, les anticapitalistes, les fanatiques du circuit court, du local. Beaucoup de choses sont encore à inventer. Si la délocalisation a été fulgurante dès le début du siècle, la relocalisation a demandé un temps et une énergie conidérable…         

 

Répétition : En psychologie, la répétition est une sorte d’exorcisme individuel. Quand un problème rend la vie insupportable, celui qui en souffre et n’y voit aucune issue est souvent amené à reproduire le trauma dans l’espoir qu’il arrive à l’apprivoiser. L’enfant abandonné aura tendance à se faire sans cesse abandonner par ses amis, ses employeurs, ses conjoints, sans jamais se rendre compte qu’il est lui-même à l’origine de ces abandons (à l’exception bien sûr de l’abandon initial).

                C’est un fonctionnement que nombre de psychologues ont attribué aux économistes de la fin de l’Ancien Régime. Leur tendance à reproduire les mêmes schémas de fonctionnement, produisant sans cesse les mêmes effets, a fini par devenir évidente au plus grand nombre,… sauf aux économistes. La crise de 2008 a été la conséquence d’un crédit immobilier offert à des personnes incapables de rembourser leur crédit. On aurait pu  s’attendre à ce que l’expérience serve de leçon. Pourtant, les mêmes économistes américains ont refait la même erreur quelques années plus tard avec les voitures, pensant cette fois sauver l’industrie automobile ! On appelait cela des “bulles”, métaphore laissant penser que leur éclatement était inévitable mais sans gravité.                 C’est ce qui a fini par alerter les gens de bons sens : l’économie capitaliste était atteinte d’une grave pathologie mentale déguisée sous des atours logiques, mathématiques, scientifiques…      

 

Ressource humaine : L’humanité a longtemps eu une haute opinion d’elle-même, en tant qu’espèce privilégiée des Dieux qui lui avaient donné le droit de conquête et de domination sur toutes les autres, puis en tant que génial inventeur du feu et de toute la technologie qui en découle. Sa destinée prométhéenne l’autorisait aux prédations les plus folles et rien ne pouvait l’arrêter, pas même la nature. L’homme paraissait doté de ressources infinies.

                Comment aurait-il pu imaginer sa propre conversion volontaire en ressource ? Comment aurait-il pu se penser comme un bien meuble, esclave docile du profit qu’il avait lui-même inventé ? Le travailleur est devenu une ressource humaine comme il y a des ressources énergétiques ou hydriques. De maître, il est devenu sujet et traité comme tel, par un directeur des ressources humaines (DRH), bon à être pressé comme un vulgaire citron, jeté après usage comme une vieille savate.         L’accident du travail est donc devenu un dommage collatéral, le burnout une simple limite facilement contournable par les robots. Le Droit du travail s’est mué en Droit au travail, que les humains quémandaient timidement à ceux-là même qui l’en privaient. Aujourd’hui parler d’un homme comme d’une ressource serait une insulte, tolérer un burnout après une activité relèverait de la pathologie sociale et ferait scandale !     

 

Restauration : Les métiers de la restauration (restaurants, brasseries, fast-foods, sandwicheries, etc.) ont toujours été des métiers fatigants, contraignants, en plus d’être soumis à des contraintes budgétaires de plus en plus lourdes. Quand la question d’une désargence a émergé, la plupart de ses professionnels s’y sont opposés, à quelques rares exceptions près. Pourquoi prendre tant de risques et perdre autant d’énergie pour offrir sans contrepartie un service à des gens qui pouvaient tout aussi bien cuisiner eux-mêmes ? Les bars étaient aussi dans cet état d’esprit. Si chacun peut aller chercher une boisson dans un dépôt alimentaire et la consommer chez lui, pourquoi s’obliger à rester derrière un comptoir, à courir de table en table pour servir des clients parasites ?

                Dès le début de la Grande Crise, quand l’argent a cessé de circuler, tous ces établissements sans exception ont fermé leurs portes. C’est là que l’on sait aperçu qu’aller au café boire un verre entre ami n’était pas la même chose que de boire chez soi. On a vite réalisé que la sortie au restaurant permettait de rompre la monotonie, l’ennui inséparable d’une activité qui se répète inéluctablement deux fois par jour, chaque jour de l’année. On s’est aperçu que les rencontres hors du cercle habituel des amis réguliers étaient devenus rares. Du côté des professionnels, les premières questions sont venues des restaurants de qualité, ceux pour qui la motivation essentielle était l’amour de l’art, le partage d’un savoir-faire rare, le plaisir de voir les yeux des dégustateurs s’allumer, d’entendre leurs commentaires…

                Puis, certains anciens restaurateurs plus ordinaires ont commencé discrètement à organiser des repas dans leurs anciens locaux, de leur propre chef ou sur la demande de la famille ou d’amis. Le lieu s’y prêtait, le matériel rendait la cuisine plus aisée, et souvent, le cuisinier ne sachant faire que cela, avait gardé la nostalgie de ces “coups de feu”, de cette ambiance, de cette équipe qui souvent  s’était constituée et soudée au fil des ans. Ce fut à l’occasion d’une fête familiale, de retrouvailles entre copain, puis à la demande de gens connus, souvent des anciens clients qui voulaient eux aussi inviter plus de monde que ne pouvait contenir leur salle à manger.

                La question de l’approvisionnement, des salaires, des impôts et taxes diverses, des normes ayant disparu avec l’argent, c’est souvent par plaisir que beaucoup d’établissements ont “repris du service”. Quand on peut accepter ou refuser une demande, quand la présence quotidienne n’est plus indispensable, quand rater un plat n’est plus un drame, il ne reste plus que le bon côté du restaurant, de la brasserie, du café. Les seuls à disparaître définitivement furent les lieux de restauration  rapide. Nul n’ayant jamais trouvé un quelconque plaisir à fabriquer des hamburgers en série, normalisés au gramme près, sans aucune recherche de qualité, les McDo, snack-bars et autres speed-burger, sont aujourd’hui oubliés.

                En revanche, l’habitude de consommer de temps en temps des sandwichs, des burgers, des cornets de frites, des pizzas sur le pouce et à n’importe quelle heure était trop ancrée pour disparaître. Ces “en cas” se trouve donc ici ou là, tenus par des spécialistes qui prennent le temps d’inventer des nouvelles formules, de lancer des modes dans leur quartier, juste pour le fun mais plus toujours présents, plus jamais rapides…

              

Retraites : Sorte de salaire versé au travailleur devenu trop vieux pour assurer sa tâche. Certains pays avaient organisé un système de retraite calculée sur la production (dite par répartition), mais la plupart du temps, les travailleurs devaient placer de l’argent dans des fonds spéculatifs pour survivre sans travail dans leurs vieux jours (retraites dites par capitalisation). Sans retraite, un vieux travailleur eut été incapable de survivre, au moins dans les villes. Pourtant, toute la fin du système marchand a été marquée par la lutte constante et violente entre les Etats qui tentaient de rogner sur les retraites et les retraités qui défendaient férocement ce qu’il restait de leur allocation vieillesse.

                L’argument des gouvernants mérite d’être explicité étant symptomatique de l’état d’esprit capitaliste. Une retraite par répartition dépend logiquement de la productivité des entreprises. Or, celle-ci n’a jamais cessé d’augmenter. Logiquement, les retraites auraient donc dû progresser selon le même rythme. Mais cela aurait limité les profits des patrons et des actionnaires. On a donc réussi à faire croire aux retraités que la retraite leur était payée par les actifs, lesquels étaient de moins en moins nombreux tandis qu’eux, vivaient “égoïstement” de plus en plus vieux. Moins de cotisations à diviser par plus de bénéficiaires, le calcul était simple, la retraite devait être rognée. Ce discours mathématiquement faux, économiquement fallacieux a été parfaitement intégré par une grande majorité et peu ont rappelé qu’il était absurde. Comment a-t-on fait en 1945 quand la première année de retraite a été payée avant que la moindre cotisation ait été versée ? Au nom de quoi les retraites des “Trente glorieuses” ont été augmentées sans aucun rapport avec le volume des cotisations versées par les actifs ?...

                Sans la révolution monétaire et la mise en accès sans conditions de tout, y compris pour les vieux incapables de subvenir à leurs besoins essentiels, nous aurions connu une période bien triste, bien inhumaine… La Grèce de la fin de la deuxième décennie, rongée par les ponctions iniques de l’Europe et des banquiers, grevée de dettes insoutenables et illégitimes, a montré à quel point la barbarie monétaire pouvait pousser un peuple vers la misère, injustifiée sinon pour préserver l’opulence d’une poignée de privilégiés… 

 

Retraités : Personne âgée qui jadis avait acquis, par son travail, une rente lui permettant de vivre sans obligation de la moindre activité.  Plusieurs études sociologiques de l’époque montrent que les retraités débordaient pourtant d’activités, participaient à quantité d’actions bénévoles, étaient généreux dans leurs engagements caritatifs. Le gros argument qui a perduré jusqu’au bout contre l’idée d’une désargence était : “sans salaire, personne ne va plus s’investir dans aucune activité, c’est l’égoïsme généralisé qui va prévaloir”. Or, les retraités de l’Ancien Régime n’avaient aucune motivation financière à leurs activités. Souvent, elles leur coutaient même de l’argent. Qu’est-ce qui les poussait à s’engager, à payer de leur personne, à sacrifier leur temps pour de multiples causes ?  Pourquoi ces vertus étaient déniées quand on imaginait  des gens vivant dans une société sans argent,  ayant accès à tout sans condition, comme les retraités de jadis ? 

                On aurait pu se référer à d’autres études sociologiques qui expliquent parfaitement la question à partir des lieux de vacances de loisirs. Ce sont des lieux qui, par définition, concernent des gens qui ont quitté le paradigme du travail salarié, soit temporairement parce qu’ils sont en congés, soit définitivement parce qu’ils sont retraités. Qui peut nier que les comportements sociaux des vacanciers, leurs modes de relations, leurs capacités à collaborer sur un objectif commun, à partager du temps, des services, des idées, des biens, sont radicalement différents de ceux qu’ils ont durant les périodes de salariat ? Les gens n’ont pas changé de nature, ils ne sont ni pires ni meilleurs sous prétexte qu’ils sont hors salariat.  Ils répondent simplement  à des stimuli  inhabituels par des réponses qu’en d’autres circonstances ils récuseraient.

                C’est exactement ce qui s’est passé au moment de la Grande Crise. Des comportements inaccoutumés sont apparus. Des réflexes de solidarités ont émergé là où il n’y avait qu’individualisme. L’empathie est devenue ordinaire quand jadis, et pour les mêmes, elle était absente de leur langage même ! Si on avait étudié plus rigoureusement les conséquences très concrètes des circonstances et des structures sociales sur ce que l’on appelle généralement “la nature humaine”, l’idée d’une désargence aurait sans aucun doute gagné quelques années plus tôt, avant que l’on s’agite dans l’urgence et la panique…   

 

Revenus : Total des gains potentiellement disponible pour un individu. Le revenu posait problème quand il était scandaleusement élevé ou scandaleusement réduit. Le revenu était essentiel dans le regard que les uns portaient sur les autres. Si l’on constatait que la générosité se trouvait là où il y avait peu d’argent, on constatait aussi que c’était l’argent qui donnait de la valeur à l’individu. Le manque de revenu dans une société marchande entraînait très rapidement la chute en cascade de tous les acquis : logement, travail, considération, accès aux soins, aux aides…, cercle vicieux dont il était extrêmement difficile de sortir. Le signe monétaire étant le “signifiant à tout faire”, ne plus en avoir revenait à ne plus rien signifier du tout, à devenir “insignifiant”. 

 

Révolution industrielle : L’héritage des historiens de l’Ancien Régime nous a inculqué une vision de la révolution industrielle du 19° siècle écrite selon les critères propres au système économique en vigueur et teintée de déterminisme. Cette vision de causalités conditionnant inéluctablement l’avenir s’opposait au libre arbitre, c’est-à-dire à la possibilité de choisir entre plusieurs options opposées. C’est sans aucun doute ce déterminisme qui a été le principal obstacle à l’invention de la société a-monétaire, d’une part en nous faisant croire que nous n’avions pas d’échappatoire à l’évolution de la société (TINA), et d’autre part en occultant une partie de l’histoire de nos sociétés pour nous faire oublier que d’autre choix eussent été possibles. Si les quelques sociétés a-monétaires ayant survécu à la pression du monopole monétariste ont été à ce point négligées, c’est du fait de cette nécessité de nous faire oublier les choix possibles contraires à la doxa du temps.

                On a concentré toute notre attention sur le charbon et l’invention de la machine à vapeur. Or cette technologie était dangereuse, polluante, peu rentable économiquement au regard d’autres alternatives. On aurait très bien pu faire semblable élaboration historique en se concentrant sur l’énergie musculaire. Singer qui invente la machine à coudre à pédale au 19ème siècle a suscité tout autant une véritable révolution : production décentralisée mais mondiale (300 000 représentants dans le monde). Autre exemple, le vélo au début du 20ème siècle était le moyen de transport le plus courant (plus de 10 millions de vélos en France). C’était une technologie de pointe qui a induit quantités de découvertes essentielles : le roulement à billes qui aujourd’hui est omniprésent, la chaine, le pneu…

                Imaginons une société qui aurait privilégié l’énergie musculaire, la machine à coudre, le vélo…, et aurait abandonné pour des raisons économiques et environnementales la machine à vapeur. Aurions-nous été confrontés au même chômage de masse, à la même destruction des ressources naturelles, aux mêmes pollutions… ? Nous avons donc bien fait des choix qui auraient pu être tout autre. Nous aurions pu choisir la mise en accès plutôt que l’échange marchand, comme les Sans, les Inuits, les Jarawas. Nous aurions pu choisir l’animisme des Amazoniens plutôt que l’anthropocentrisme judéo-chrétien et la planète serait dans un autre état…

                En revanche, une fois qu’un choix a été fait, il est vrai qu’un déterminisme est à l’œuvre, nous coince dans un système pour des lustres et réclame, on l’a vu, une douloureuse révolution anthropologique pour changer de cap…

 

Revolution required : Livre publié fin 2017 par Hannoun et Dittus.  Hervé Hannoun, ancien directeur de cabinet de Pierre Bérégovoy à Bercy et à Matignon, a été directeur général adjoint de la BRI de 2006 à 2015, tandis que l’économiste allemand Peter Dittus a occupé le poste de secrétaire général de cette institution multilatérale bâloise entre 2005 et 2016. C’est depuis l’étage supérieur de cette vigie du système financier international qu’ils ont pu en analyser les dérives fatales.

                “Les apprentis sorciers ont construit un modèle de croissance tiré par la dette qui nous conduit tout droit vers le prochain krach financier”, résume l’introduction du manifeste, sous-titré “la bombe à retardement du modèle G7”.Nous avons choisi, poursuivent les auteurs, de titrer ce manifeste “On demande une révolution” parce que nous croyons que la prochaine implosion sera si profonde et si puissante qu’elle conduira à un changement systémique… Le modèle économique actuel, édifié sur une augmentation insoutenable de la dette, la course aux armements et l’usage immodéré du carbone, va finir…” Malheureusement, ces deux auteurs se contentaient de réclamer une “économie pour le bien commun” et reconnaissent eux-mêmes que c’est une utopie mais qui pourrait bientôt devenir un impératif catégorique! Le nez dans le réel, ils refusaient pourtant d’y croire vraiment et d’en tirer les conséquences !

 

Richesse : On définit aujourd’hui la richesse comme l’accès à des objets, à des activités créatrices, à des soins appropriés, comme l’intégration de qualités particulières, morales, intellectuelles, artistiques, etc. On oublie donc souvent que des siècles durant, la richesse a été avant tout capitaliste, une capacité à accumuler des marchandises. On oublie aussi que la richesse était par définition attachée à une personne physique, “le riche” ou morale, “le pays riche”. Le riche était donc toujours soupçonné de rapacité, le pays riche de prédation. Le phénomène s’est singulièrement accru quand la proportion riches-pauvres, qu’il s’agisse de personnes physiques ou morales, s’était dangereusement rapprochée des mythiques 1% contre les 99% restants.

                Hors de toute comptabilité de valeurs, la notion de richesse s’est complètement décentrée de l’aspect matériel et a pris un sens global. Il ne viendrait plus à l’idée de parler de la richesse d’un être humain en fonction de ce qu’il est, et encore moins de ce qu’il a. Ce qu’il fait  est passé au premier plan, ce qui représente une révolution sans doute aussi importante que le fut la fin de l’esclavage organisé ou l’égalité juridique des sexes !   

                 

Rifkin Jérémie : économiste américain né en 1945. Il a été le premier à poser la question de “l’accès” au centre de ses travaux.  Il a vu l’accès comme la conséquence du numérique, sans pour autant en faire un moyen de sortir du système marchand. En partant de l’économie de réseaux, il en arrive à penser des systèmes de “location” donnant accès aux services. Qui dit location, dit argent, valeur, propriété privée…

                Rifkin a  fait partie de ces économistes considérés comme modernes mais il n’a rien vu venir de la véritable conséquence du numérique. Il a donc vu l’accès comme une “autorisation d’entrer dans un usage” e non comme un accès direct, sans condition, sans calcul de valeur, sans échange…

                La popularité de Rifkin et son entregent auprès des politiques lui a permis de douteuses expériences. En 2014, dans la région Nord de la France, la plus touchée par la désindustrialisation, Rifkin s’est offert pour des centaines de milliers d’euros un projet futuriste censé ouvrir l’ère de la “troisième révolution industrielle”. Son projet fut annoncé à grand renfort médiatique et proposait de faire la part belle aux nouvelles technologies, en essayant de rallier le patronat à des thèses pseudo-écologiques. Le tout était habillé de neuf, (nouvelle répartition des pouvoirs, peer to peer, énergie renouvelable à tous les étages, recyclage des déchets, etc.), et fut applaudi par les grands patrons responsables de la faillite industrielle de la région.

                L’équipe de cet économiste (TIR Consulting Group, LLC) a empoché beaucoup d’argent de l’État,  du Conseil régional, de la Chambre de Commerce, pour un rapport de 300 pages. Les chômeurs, dix ans plus tard, étaient toujours chômeurs et les friches industrielles ne s’étaient pas transformées en start-ups. Le plan fut descendu en flammes par l’économiste Jean Gadrey : “Avec Rifkin, c’est l’ébriété assurée contre la sobriété matérielle et énergétique”, mais Rifkin a continué à faire recette et à conseiller des chefs d’État jusqu’à la Grande Crise ! Un journaliste de la Région Nord eu cette formule à propos du projet Rifkin qui mérite d’être consignée pour l’Histoire : Les deux premières révolutions industrielles ont saccagé la Région et nous ont enfoncés dans l’enfer industriel, la troisième [celle de Rifkin] a changé de style. Cette fois ci, l’enfer est vert…”    

 

Rockefeller David : Banquier américain d’une puissance financière colossale, grand promoteur du Nouvel Ordre Mondial. Il déclarait à la Commission Trilatérale de 1991 lors d’une conférence de presse : “Nous sommes reconnaissants au Washington Post, au New York Times, au magazine Time, et aux autres grandes publications dont les directeurs ont assisté à nos réunions et respecté leurs promesses de discrétion depuis presque quarante ans. Il aurait été pour nous impossible de développer notre projet pour le monde si nous avions été exposés aux lumières de la publicité durant ces années. Mais le monde est aujourd’hui plus sophistiqué et préparé à l’entrée dans un gouvernement mondial. La souveraineté supranationale d’une élite intellectuelle et de banquiers mondiaux est assurément préférable à l’autodétermination nationale des siècles passés.”

 

 

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