La Belle époque...

Les débats qui animent nos plateaux de télévisions sont étonnants, aussi variés que futiles : «Pétain a-t-il sauvé des juifs ?..» «Messi est-il une bonne affaire pour le PSG ?...» «Faudra-t-il se revacciner tous les six mois contre le Covid ?...» «L’espace médical numérique (EMN) prévu dès janvier 2022 est-il utile ?...» «Zemmour sera-t-il candidat ?...» «Le secret de la confession est-il au-dessus de la loi de la République ?...». Et pendant ce temps là, ailleurs que sur les médias traditionnels, certains se demandent si des seuils irréversibles ne seront pas franchis dès le début des années 2030 quant à l’environnement, d’autres nous annoncent la prochaine crise économique pour la même période. Et personne n’en parle très sérieusement dans les médias...

Je suis tombé sur une vidéo produite par l’économiste hétérodoxe Olivier Berruyer qui nous annonce que "Notre système financier va s’effondrer". En quatre graphiques, il nous démontre que le système court à sa perte, que tout le monde le sait dans les milieux autorisés, et que personne n’aborde le sujet, même pas à l’occasion de la campagne présidentielle de 2022 ! Je vous résume sa démonstration en quelques mots, en espérant que cela vous incitera à y regarder de plus près.

1°) Les actifs de la BCE explosent depuis 2015, et sont pour l’essentiel composés par les titres en euro (en bleu dans le schéma) que la banque centrale européenne a racheté et continue d’acheter aux grandes fortunes françaises. Cette courbe est corrigée de l’inflation et, en bonne logique, cette masse monétaire que cela représente aurait dû rester presque stable, comme ce fut le cas entre 1999 et 2005. La cause en est la bulle immobilière que la BCE a laissé gonfler et qu’elle continue à alimenter.

2°) Les grandes fortunes ont placé beaucoup d’argent dans la dette de l’État, le placement étant jugé sûr. Les risques augmentant et les taux d’intérêts baissant, ils cherchent à s’en débarrasser. Plus personne ne prenant ce risque sur les marchés, la BCE rachète ces dettes, ce qui enfle sa masse monétaire à ses risques et périls. Mais pour replacer leur argent, les riches investissent dans l’immobilier, ce qui a pour effet immédiat de faire monter les prix du marché immobilier. On voit sur le graphique ci-contre que pour une même surface, le prix a doublé en France et a été multiplié par huit à Paris. Il devient impossible d’acheter et même de louer puisque les loyers sont indexés sur la valeur du bien immobilier. Pourtant, le logement n’entrant pas dans le "panier de la ménagère", celui-ci reste théoriquement aligné sur l’inflation, environ 2%.

3°) Dans le même temps les taux d’intérêts sur les crédits n’ont cessé de diminuer jusqu’à arriver à l’aberration d’un taux négatif. Cela signifie que celui qui prête son argent ne récupérera, à la fin du prêt, qu’une partie de sa mise. C’est une chose étonnante, contraire à l’intérêt de tout investisseur, qui ne s’est jamais vu depuis 3 000 ans  ! Une telle action devrait être vue comme délirante dans tout système capitaliste, quelle que soit l’école à laquelle on se réfère. Ce graphique nous dit clairement que les riches ont trop d’argent et ne savent qu’en faire, que le système bancaire est vérolé, que cela ne peut se terminer que dans l’écroulement global du système. Et la masse monétaire mise sur le marché par la BCE, les dettes supplémentaires qui ont été initiés par l’État lors de la crise Covid, puis en compensation de la hausse des carburants, qui sans aucun doute sera suivie d’aides à la consommation ou à l’investissement industriel vont suivre la forme exponentielle du schéma suivant...

4°) La masse monétaire (la somme de toutes les lignes de comptes des Français et de tous les billets en circulation) ne cesse d’augmenter puisque la BCE rachète les actifs pourries qui ont été acquis par les milliardaires français. Cette courbe est toujours corrigée de l’inflation, rappelons-le. Il est évident que les comptes en banque des Français moyens n’ont pas augmenté, ou en tous cas très peu. C’est donc les riches qui sont cause de cette augmentation de la masse monétaire de la France et qu’ils s’enrichissent de façon éhontée. (Pour plus de précisions ou explications de ces graphiques voir le site Elucid)

Il est évident que cette situation est tragique en ce sens qu’elle finira tôt ou tard par exploser. C’est le propre des bulles d’exploser (bulle immobilière, bulle spéculative, bulle des prêts étudiants, des prêts sur l’automobile...), nous ne manquons pas de bulles. Et si le dérèglement climatique arrive en même temps que le dérèglement du système économique, le pire est à craindre. L’avenir est très éloigné d’une Belle époque ! Ce qui se démontre ainsi en quatre petits graphiques ne peut être ignoré ni des riches, ni des gouvernants, ni des journalistes, mais personne n’en parle. Aucune question sur le sujet n’est posée aux nombreux candidats à la présidentielle, aucun n’en parle assez clairement pour être entendu des électeurs. Encore heureux qu’il y ait quelques Olivier Berruyer, Jacques Sapir, Paul Jorion, merci à eux...

Quand on voit la facilité avec laquelle une candidature Zemmour arrive sur le marché avec une telle rapidité, une telle "spontanéité", quand on se rappelle comment le quasi inconnu Macron a fait la une de tous les journaux en 2017, on imagine qu’il serait facile pour les médias de lancer un grand débat sur l’environnement et sur la finance, de produire des analyses accessibles à tous. Ils ne le font pas parce que ce n’est pas dans l’intérêt des politiques, des riches, de la Ploutocratie. Jusqu’à quand les laisserons-nous décider de l’actualité ?...