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La mort de l'argent.

16 Mars 2020, 16:04pm

Publié par AUPETITGENDRE Jean-François

La mort de l’argent, Denis Blondin, 2003, éd. de la Pleine Lune, Québec.

 

                La Mort de l'argent n'est pas seulement un essai. C'est aussi une incantation, un sacrilège. L'argent imprègne si totalement nos existences qu'il nous empêche de réaliser qu'il pervertit nos vies de riches autant que celles des pauvres. Rendre pensable la mort de l'argent, c'est d'abord nous extraire mentalement de son univers, nous soustraire un instant à son règne et à sa loi.

                Plutôt que le regard fragmenté des spécialistes, c'est un regard global que Denis Blondin pose sur l'argent, sur sa magie, aussi bien que sur sa sorcellerie. La Mort de l'argent ne propose pas une avalanche de chiffres ou de faits, mais une collection d'idées et de points de vue sur la société, sur l'être humain, sur la forme sociale dans laquelle se sont incarnés l'Occident et l'univers mondialisé qui s'est trouvé placé sous sa gouverne.

                Une fois désacralisé, l'argent retrouve sa vraie place dans notre histoire, soit celle d'une invention humaine comme n'importe quelle autre, succédant au règne de la parenté et à celui de la religion. Une invention qui a connu un incroyable succès, mais qui arrive peut-être à son terme, parce qu'elle crée plus de nouveaux problèmes qu'elle n'en résout.

                Denis Blondin est anthropologue. Il a mené des recherches sur l'Amérique latine et sur le Québec mais il s'intéresse surtout à la culture occidentale. Il a publié Les deux espèces humaines (L'Harmattan/La Pleine Lune, 1995) et L'apprentissage du racisme dans les manuels scolaires (Agence d'ARC, 1990). L’intérêt de ce livre, c’est qu’il offre un regard d’anthropologue, chose assez rare. Et à ce titre, l’auteur décrypte bien ce que l’argent, au-delà de sa sophistication contemporaine, garde de primitif, d’esprit magique et religieux.  

                L’auteur conclut modestement : « L’argent, avec tous ses périphériques, a servi de cible à ma réflexion, à ma critique, à mon cynisme, et l’idée de sa disparition a servi de moteur à mes rêves naïfs d’une humanité améliorée. » Il cite et fait sienne la déclaration de Bernard Charbonneau (pionnier de l'écologie politique): « Tout ce que je sais, c'est que l'homme et la terre ne seront sauvés que si l'on met un terme à la prolifération cancéreuse du fric. » Et le seul obstacle qu’il voit à l’abolition, c’est que « dans le cas de l'argent, le problème du changement social est immense parce que les blocages sont internes. L'argent fait partie de nous tous. Il nous a verrouillés aussi sûrement que n'importe quelle idéologie totalitaire. »

                Un livre intéressant pour les premiers pas vers une sortie de l’économie….  

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