Vous avez dit "Démocratie"?...

                L’argent est à l’évidence l’un des leviers les plus efficaces du pouvoir. Il a aussi pour effet mécanique de se condenser entre des mains de plus en plus riches mais moins nombreuses. Ce sont deux évidences qui se retrouvent à toutes les époques et sous toutes les configurations politiques, mais qui prennent à notre époque des allures de caricature. Notre président Macron, est le pur produit d’une ploutocratie qui a capté à travers lui tous les pouvoirs, politique, judicaire, législatif, culturel, médiatique…

                Nous voyons bien que la justice est féroce vis-à-vis  d’un Gilet Jaune, laxiste vis-à-vis d’un industriel véreux, d’un politicien corrompu, d’un policier usant d’une violence disproportionnée. Nous voyons bien que les médias ne sont plus que des instruments de contrôle de la pensée entre les mains d’une poignée de magnats qui usent de tous le procès baillons imaginables pour étouffer le rare journalisme indépendant prétendant faire de l’investigation.

                Une société dans laquelle tous les pouvoirs sont concentrés sur un petit groupe, cela s’appelle une dictature. Quel que soit le degré démocratique antérieur d’un pays, un passage à la dictature reste le meilleur moyen d’empêcher que les choses changent, que les peuples s’en offusquent, que des contre-pouvoirs se constituent. Dans ces conditions, le sentiment d’être bloqué dans une impasse politique n’est pas une vue de l’esprit.

                Comment imaginer alors que le manifeste des 15 000 scientifiques soit pris en compte et mis en actes, et ce dans l’espace d’une à deux décennies ?

Comment faire en dix ans ce qu’un demi-siècle de militantisme écologique n’a pas réussi à faire ? Comment contraindre les sceptiques, les frileux, les cyniques, les fous qu’il n’y a pas d’issue hors d’un changement systémique ?

                L’une des résistances les plus étranges est sans aucun doute celle qui en appelle à une bonne guerre. Certes, une guerre réduit la population et augment d’autant les parts de gâteaux. Elle permet d’écouler les stocks d’invendus et relance la production, au moins celle des objets de guerre, du brodequin au char d’assaut. Elle mobilise dans de grandes unions nationales tous les inutiles qui avaient freiné la croissance. Elle offre ensuite d’immenses chantiers de reconstruction et éradique ainsi le chômage. “Une bonne guerre, Monsieur, et vous sortez de votre impasse. Les deux dernières ont été fort utiles et ont produit quantités d’innovations scientifiques et technologiques” (le tracteur à chenilles, l’avion à réaction, l’agent orange si astucieusement transformé en glyphosate, etc.).

                Qui n’a pas entendu ce genre de discours, sans jamais la moindre allusion au risque de faire partie des victimes de la guerre et non des survivants. Etes-vous sincèrement prêts à prendre ce risque messieurs les Va-t’en-guerre ? Je sais, les faucons ne souhaitent pas la guerre, ils l’a jugent juste nécessaire, seule capable de nous sortir de l’impasse. Mais c’est en laissant courir de telles idées que l’on permet la guerre. On a même appelé cela “la culture de guerre” au début du 20^ème siècle ! Elle a fait partir toute une génération de braves gens, soudainement convaincus que  ceux d’en face ne leur laissaient pas le choix !

                En outre ce qui pouvait être vrai en 1914 ne l’est plus, ne serait-ce qu’à cause de l’effondrement global qui vient. Quel intérêt de réduire la population quand on sait que les canicules, la montée des eaux, les pandémies, les famines, l’épuisement des ressources vont tuer bien plus efficacement ? Quel intérêt de relancer la production quand le problème à résoudre c’est le manque de ressource ? Comment imaginer avec le développement technologique qu’on a connu depuis 1945 que les dégâts humains et environnementaux ne seront pas pire, qu’un troisième conflit ne serait pas plus producteur de pertes que de bénéfices ?